DevOpsConnection : comment réduire le cycle de mise à disposition des applications

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Philosophie, culture, savoir-faire…les matinées DevOps Connection visent à faire un état des lieux du DevOps, et son rôle dans la transformation digitale des entreprises. La seconde édition de ce rendez-vous avait pour thème la réduction du cycle de mise à disposition des applications métiers.

Contraction de Dev (développement) et Ops (Opérations), le DevOps suppose une nouvelle organisation, et une nouvelle architecture du système d’information. Le DevOps ne se limite pas à une dimension technique. Aujourd’hui, les enjeux de la transformation numérique font du DevOps un sujet incontournable pour les DSI. En préambule, Reynald Fléchaud cite une étude mettant en avant le fait que les directions métier sont déçues de la réactivité de leur DSI. D’où la question du Time to Market : combien de temps entre l’expression d’un besoin et le moment où la DSI propose le service pour y répondre ? Réduire le Time to Market est essentiel pour deux raisons. Tout d’abord, il s’agit de mieux répondre aux attentes du métier, mais également de réduire le risque de Shadow IT, où le métier monte une DSI parallèle, avec toutes les menaces que cela représente en termes de sécurité et d’intégration dans le système d’information global.

Le DevOps indispensable à la transformation digitale

Pour Patrick Herang, LiberateIT, les deux principaux apports du DevOps sont de pouvoir mettre en production plus rapidement (mieux coller aux besoins des utilisateurs), et d’améliorer la qualité des développements et des mises en production. Cette évolution du marché est dictée par les leaders du digital : avec 30 mises en production par jour, Amazon contraint la FNAC à revoir ses cycles de développement. Le DevOps est une évolution inéluctable, comparable à la démocratisation d’Internet à la fin des années 90 : d’ici 3 à 4 ans, toutes les DSI travailleront en mode DevOps. Alors, comment y passer ?

D’après une étude de CapGemini de 2015, près d’un DSI sur deux cite les outils d’automatisation comme nécessaires à cette transformation. Automatiser, oui, mais quoi ? La résolution des incidents, les tests fonctionnels et techniques, la gestion des versions…

Pourtant aujourd’hui encore, les DSI peinent à répondre à la demande de réactivité : d’après une étude de NetMediaEurope, la majorité des décideurs métiers déplorent le manque d’importance accordée à la vitesse de livraison des applications. Dans les entreprises de plus de 1000 personnes, 42% des décideurs métiers trouvent que le temps de livraison est pénalisant pour l’entreprise et sa compétitivité.

Pourquoi le Time to Market est-il devenu critique ?

Selon Alexis Gaches, CA Technologies, le client a repris le pouvoir. Il y a encore peu de temps, un client mécontent n’était pas entendu; aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et la notation des applications, l’entreprise se doit d’être extrêmement réactive, et donc adresser rapidement les critiques négatives. Par ailleurs, la concurrence joue : si elle a toujours existé, elle comporte aujourd’hui des acteurs digital born qui changent la règle du jeu en se positionnant entre le client et l’entreprise. Booking a par exemple transformé le marché de l’hôtellerie et les marges du secteur. Cette révolution digitale touche l’ensemble des entreprises, tous secteurs d’activité confondus.

Le digital est un vecteur de croissance, mais il suppose de repenser la chaîne de valeur : dans un premier temps, cela engendre une perte de marge, mais au terme de la transformation digitale, l’entreprise aura augmenté sa marge opérationnelle. Alexis Gaches prend ainsi pour exemple la croissance du « Club des Licornes », ces entreprises qui ont dépassé le milliard de dollars : après 2014, on constate une nette croissance, une densification. Plus d’acteurs, plus de sociétés ayant une forte croissance dans le digitale…cette explosion montre bien l’accélération que subit le marché actuellement.

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Source : CB Insight

Swisslife : le DevOps en réponse aux exigences de la transformation digitale

2 sites IT, 3000 postes, 1300VM, 1 Mainframe et 15 applications : Denis Bourdon, CTO Swisslife, a rapidement fait le constat de la nécessité du changement : il n’est plus possible faire les tests et les déploiements de façon manuelle. Dès 2012, il lance un programme de transformation visant à être digital ready pour 2015-2016, afin d’éviter que la transformation numérique ne se fasse sans la DSI. Denis Bourdon commence par évoquer la dimension humaine et culturelle du projet : pour faire du DevOps, il faut rapprocher des gens et des cultures qui non seulement ont des objectifs très différents, mais qui le plus souvent s’opposent fortement !

C’est aussi un défi technique, dont le pré-requis est d’avoir une infrastructure agile. Avec de plus en plus d’applications et des sprints en parallèle, il faut pouvoir provisionner les infrastructures  et les jeux de données de façon automatisée. Dans le cas contraire…on revient au point de départ. Le développement et la livraison sont rapides, mais il est impossible d’absorber la montée en puissance des sprints parce que l’infrastructure n’est pas prête. La normalisation, la standardisation et l’automatisation de l’infrastructure est un pré-requis pour passer au DevOps.

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Table ronde DevOps

La matinée s’est terminée par une table ronde rassemblant François Cellerier, Devoteam ; Domenico Di Cicco, D2SI ; Philippe Ensarguet, Orange ; Sébastien Gioria, OWASP ; William Gravier, Poesi.

Des cycles courts supposent de pouvoir tester en permanence : pour Philippe Ensarguet, nous sommes entrés dans une ère complètement digitale, où le logiciel est central. Le rythme a changé, il s’est accéléré et l’agilité est une façon de répondre à ce changement. Réduire le Time to Market permet de s’adapter à ce nouveau rythme, mais encore faut-il pouvoir le mesurer. Or, d’après William Gravier, aujourd’hui les entreprises ne mesurent pas du tout, ou très peu, le Time to Market. Au mieux, il est déduit des plans de release, mais il faut pouvoir le mesurer au cours de l’avancement du projet. On revient une fois de plus sur le rôle de l’automatisation, qui peut représenter jusqu’à 30% du gain sur l’ensemble du Time to Market. William Gravier insiste sur un des points de contention : les tests, qui sont portés par tout un ensemble d’acteurs de la chaîne. Tests fonctionnels, tests de performance….travailler sur de petits lots de tests implique une architecture adaptée.

Autre sujet évoqué : ITIL. Avec l’arrivée du DevOps, on peut se poser la question de l’intérêt d’ITIL. Selon François Cellerier, ITIL a permis de répondre à l’époque à un besoin de rigueur, de sécurisation des pratiques, mais il faut maintenant revoir les objectifs et faire évoluer ITIL. Pour Domenico Di Cicco, le problème d’ITIL est d’une part d’avoir mis en avant les process plutôt que les hommes, et d’autre part la question du SLA. En effet, si la notion d’engagement est très forte dans le DevOps, elle ne se traduit pas nécessairement en termes contractuels. Alors, quel rôle pour la DSI ? Avant tout, servir le métier. Domenico Di Cicco va plus loin en imaginant un avenir proche où la DSI n’aura plus lieu d’être, parce qu’elle sera complètement intégrée au métier.

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Les grands chantiers de l’automatisation

Si l’automatisation est aujourd’hui une réalité dans les DSI, toutes n’automatisent pas pour les mêmes raisons. Certaines entreprises automatisent pour sécuriser les activités de production et réduire les coûts; dans le digital, l’automatisation répond avant tout à un besoin de souplesse, d’agilité et de scalabilité. Enfin, il y a également le facteur technologique : l’exploitation d’une technologie et l’amélioration continue.

Pour William Gravier, il est cependant essentiel d’automatiser l’ensemble de la chaîne, de l’intégration continue jusqu’à la production. Ensuite, se poser la question de la dépendance des applications : comment gérer la compatibilité des différents web services ? La dernière étape de l’automatisation consisterait alors à pouvoir automatiser le déploiement de plusieurs applications dépendantes entre elles.

Quels sont les freins à l’automatisation ? Pour Domenico Di Cicco, les freins ne sont plus technologiques, mais ils tiennent plus à l’organisation de la DSI. Outre la sous-traitance et l’offshoring, parfois la DSI n’a tout simplement pas envie de changer. Quant au métier, il n’en ressent pas nécessairement le besoin tant qu’il est rentable. Pourtant, le marché change. Alors, quand investir dans la transformation ? Trop tôt, l’investissement est risqué, trop tard, le retard accumulé sera long à rattraper. Comme le DevOps, l’automatisation est un sujet dont les enjeux ne sont pas uniquement technologiques : si les outils doivent être automatisés, pour les individus c’est l’inverse. Il s’agit de perdre ses automatismes.

La table ronde s’est achevée sur le sujet des nouvelles tendances dans l’automatisation et le DevOps, et notamment Docker, technologie DevOps par excellence. Pour Philippe Ensarguet, l’intérêt de stocker au même endroit le code de l’application et celui de la plateforme grâce à Docker est évident. Mais comment l’utiliser ? Seul, ou implémenté dans un orchestrateur ou un PaaS pour apporter plus d’abstraction ? Une chose est certaine, la simplicité d’utilisation de Docker fait que les containers vont bientôt proliférer, générant ainsi une complexité supplémentaire qu’il faudra adresser par l’automatisation.

Le prochain rendez-vous DevOpsConnection aura lieu le 5/4 et aura pour thème : Concilier innovation métiers et qualité en production, est-ce possible ?

 

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