Retour sur le marathon collaboratif CREA Montblanc

Temps de lecture : 8 minutes

« Transmettre à travers l’espace et le temps », tel était le thème du marathon collaboratif organisé par le CREA Mont-Blanc à l’observatoire de Chamonix en septembre dernier. Des équipes pluri-disciplinaires ont ainsi travaillé pendant 3 jours à 2300 mètres d’altitude pour imaginer et prototyper une solution en réponse aux six défis posés par l’ONG CREA Mont-Blanc. Nous y étions, nous vous racontons ce weekend un peu fou où nous avons fait de l’IoT et appris à programmer un chatbot sur Alexa afin de donner la parole à un arbre.

Crédit photos : album collaboratif des participants au Lab

Afin de saisir pleinement les enjeux du changement climatique dans les environnements de haute montagne, nous avons commencé le weekend par une promenade scientifique dans le massif du Mont-Blanc. De quoi mieux comprendre l’écosystème et la bio diversité sous l’angle scientifique, et faire des découvertes étonnantes comme des endroits présentant une micro-topographie : à quelques mètres d’écart, on passe d’une température de 3° à 11°. On peut d’ailleurs y voir un parallèle avec le monde de l’entreprise où les conditions peuvent changer du tout au tout d’une équipe à l’autre…

Balade scientifique dans le massif du Mont-Blanc

Puis nous avons découvert les 6 défis proposés :

  • Défi 1 : Comment un petit espace vert peut-il raconter l’immensité des massifs ?
  • Défi 2 : Comment ouvrir l’accès vers un monde invisible depuis le jardin expérimental ?
  • Défi 3 : Quelles expériences temporelles pourrions-nous vivre depuis le CREA ?
  • Défi 4 : Comment le jardin scientifique peut-il partager au grand public les recherches passées, en cours et à venir ?
  • Défi 5 : Comment donner envie de participer aux observations en montagne ?
  • Défi 6 : Comment transformer un jardin ouvert en véritable espace public partagé ?

Chacun a alors posé des post it avec ses idées sur les défis qui l’inspiraient, puis les équipes ont été constituées avec des rôles complémentaires assignés dans chaque équipe : un raconteur, un transmetteur, un éleveur, un imageur, un aménageur et un constructeur. Nous voilà alors lancés dans une phase d’idéation très rapide, avec beaucoup d’idées. Certaines sont trop complexes, d’autres un peu farfelues… nous devons avancer rapidement, et pour cela échanger avec des personnes que nous venons de rencontrer.

Après 1h30 d’échanges, nous devons délivrer le premier pitch. Le projet démarre alors concrètement, et nous nous répartissons les tâches au sein de l’équipe.

Pourtant, que la montagne est belle…

Notre défi : faire du jardin ouvert un espace public partagé

Comment créer une communauté et susciter l’intérêt, la curiosité et l’empathie à l’égard du jardin ? Tel était le point de départ de notre réflexion. Pour la plupart, les humains se pensent en dehors de la nature, donc nous voulions créer de l’empathie, et cela suppose de pouvoir communiquer et échanger. Nous en sommes donc venus naturellement à l’idée d’utiliser des capteurs pour transmettre des informations en provenance d’un arbre, de façon à donner une dimension physique à l’échange.

Nous avions dans l’équipe un aménageur de jardins, qui nous a expliqué le concept des guildes végétales, des associations d’assistance mutuelle et d’entraide entre vivants. Dans une guilde, un arbre fruitier protège les autres, et nous avons donc choisi un épicéa, arbre gardien de la guilde des branchus de ce jardin, pour incarner l’arbre connecté qui allait échanger avec les humains. Nous avons donc utilisé Alexa pour lui donner la parole, et nous avons développé un chatbot pour supporter cet échange qui alimente un protocole scientifique via une série de questions. Ce projet nous a amené à travailler sur des sujets très variés : IoT, Alexa, capteurs, interface utilisateur, chatbots, etc. Nous avons énormément appris et mis en oeuvre en un temps très court !

La phase d’idéation pré-pitch

Témoignages croisés

Pour répondre au défi de CREA Mont-Blanc, nous avons mobilisé une large équipe dans les rangs de D2SI et de Devoteam : Maria, Olivia, Mathieu, Sidi et Ousmane. Voici leurs impressions sur ce weekend hors du commun.

(C)Loud and proud à 2300 mètres d’altitude !

Maria, responsable Partenariats

Sortir de son cadre de travail habituel pour travailler à 2300 mètres d’altitude a été un moment incroyable. Nous avons pu découvrir le principe du marathon créatif pratiqué dans les musées avec les « Museomix » et le voir adapté à la montagne. Il était très enrichissant d’apprendre à travailler dans des équipes avec une vraie diversité tant dans les parcours que dans les âges, et où chacun s’est vu assigner un rôle pour porter le projet : le pédagogue qui transmet les idées au public, le raconteur qui amène du storytelling dans le projet, ceux qui donnent forme au projet avec des images ou des sons, ceux qui construisent et prototypent, ceux qui aménagent l’espace, et ceux qui jouent le rôle de facilitateur.

Olivia, consultante Icelab

Notre projet était de créer un escape game pour sauver la vallée. Les débuts de la constitution de l’équipe étaient cordiaux, chacun se présente, on commence à parler de soi, de ses convictions sur la nature … Dans ce moment d’échange, j’ai eu le sentiment que les membres de l’équipe sont tous profondément engagés dans ce qu’ils font dans leur vie hors lab. J’étais assez impressionné par les profils de mon équipe, ils semblaient tous trop forts !

Un prototype

Après le repas, nous avons approfondi l’idée de notre projet: faire un escape game qui sera la “vitrine des recherches”. Les idées fusent : certaines idées nous amènent plus loin, d’autres nous envoient dans des directions parallèles, il y a des idées concrètes, d’autres plus philosophiques… On ressort de ce temps d’échange super motivés, avec quelques points clés qui nous semblent importants, et un projet complet à réaliser.

Au moment d’entrer dans le concret, je me suis rendu compte que nos connaissances, nos compétences, nos parcours de vie, nos références étant très différents, nous avions des idées différentes sur comment nous organiser pour avancer. En discutant, je trouve que nous avons su trouver une organisation commune. Au final, chacun a apporté quelque chose au projet, et je suis convaincue que si ça n’avait pas été nous six, avec nos compétences, notre envie de réaliser un projet commun, nos différences, le projet n’aurait jamais pu être aussi abouti.

Mathieu

Mathieu, Cloud Architect / DevOps Engineer

J’étais au « Guichet des savoirs », une sorte de help desk technique qui aidait toutes les équipes. Nous avons fait beaucoup de petites itérations sur des projets différents, sur des technologies et des sujets où parfois nous n’avions que peu d’expérience ! C’est un challenge, mais il faut aussi réussir à prioriser, à bien échanger avec les équipes pour leur faire comprendre ce qui est possible ou non dans ce laps de temps très limité. Les résultats produits en deux jours étaient bluffants pour des prototypes. J’en retiens qu’il faut aller à l’essentiel, et éviter les architectures compliquées. Par exemple, pour une application mobile, développer uniquement le front office pour le prototype.

Sidi, Cloud consultant

En préparation du Lab, Mathieu et moi avions organisé des ateliers de travail hebdomadaires me permettant de découvrir et développer mes connaissances sur Alexa, le montage et fonctionnement de capteurs avec des cartes Arduino, l’IoT sur AWS et le Raspberry Pi, et toutes ces connaissances ont été mises en pratique au sein du Guichet des savoirs.

Le guichet des savoirs

J’ai beaucoup appris au cours de cette expérience :

  • La simplicité: concevoir et développer dans un laps de temps aussi court nécessite de mettre en place une solution simple et sans fioritures afin d’aller directement à l’essentiel et avoir une application fonctionnelle.
  • La pré-prod c’est bien: il peut également être pratique dans le cas d’une application web d’avoir un serveur de pré-production pour éviter de casser la version en production qui fonctionne !
  • Développer dans le stress: il faut être capable de gérer les requêtes de dernière minute.
  • Inspecteur gadget: il faut être multi-tâches et parfois réaliser des taches éloignées de ses compétences professionnelles.
  • Le travail d’équipe: collaborer avec des personnes d’horizons divers que l’on ne connaissait pas il y a 48h, avec lesquelles on poursuit un objectif commun.

Ousmane, chef de projet DevOps

C’était ma première participation à un marathon collaboratif caractérisé par la diversité de profils des participants et l’originalité des projets. Le marathon est un véritable laboratoire d’idées ! Au niveau du guichet des savoirs, j’ai énormément apprécié l’implication des membres qui se sont pleinement investis pour traiter et livrer les demandes des différentes équipes. On code, on teste, on recode, on bricole, on scie, on colle et on colmate dans le calme et le respect. On sort de sa zone de confort parce qu’on y prend du plaisir et que le format du marathon nous y amène naturellement.

Aquarelle de David Katzowicz

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