Les contes du Cloud : l’inventaire des biens du roi

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Certaines leçons valent bien un fromage, d’autres valent bien un article. Dans cette série d’articles rédigés sous forme de conte, nous vous proposons des histoires issues de situations rencontrées sur le terrain, et les leçons que nous en avons tirées. Car les bonnes pratiques ne peuvent s’établir qu’à l’aune des mauvaises, et que ces anecdotes, aussi incroyables soient-elles, sont véridiques et reflètent la réalité de certains systèmes d’informations.

Illustration par Jérémy Molet

Il était une fois un roi qui avait les plus belles vaisselles, les plus belles argenteries, les plus beaux vêtements, les plus belles tentures, les plus beaux tableaux parmi tous les rois appelés à régner.

Un jour le roi se maria avec la princesse du royaume voisin. La princesse, qui était des plus raffinées et savait fort bien conter, permit au roi d’accéder aux essences de bois les plus convoitées. Grâce à cette union le royaume fut encore plus prospère. Le roi décida de changer tous les écussons sur ses vestes afin d’y représenter sa nouvelle reine qui illuminait sa vie. La reine fut plus que satisfaite de cette attention à son égard: ainsi le roi aurait la reine près de son coeur où qu’elle soit.

Mais le roi n’aimait pas s’éparpiller avec des futilités. Pas besoin de perdre de temps à dresser un inventaire qu’on maintiendrait à jour, tous ses gens savaient bien ce qui lui servait tout de même!

Un jour que le roi partit à la chasse dans un pavillon qu’il visitait une fois l’an, il y invita la reine pour lui montrer sa bravoure à la chasse. Il se vêtit de ses beaux habits qu’il sortit de sa penderie spécialement conçue pour son pavillon. Ils étaient bien sûr toujours magnifiques. Mais la reine, qui avait le souci du détail, remarqua aussitôt la tulipe jaune qui était près de son coeur au lieu de son écusson dont elle était si fière. La reine en fut profondément attristée et le roi dut arrêter sa journée de chasse afin de la consoler et la rassurer.

Inventer c’est bien, avec un inventaire c’est mieux

Ce petit conte adapté de ma vie de consultant me rappelle qu’il y a un élément des projets anodins qui, quand il n’est pas là, manque terriblement: l’inventaire.

Il ne faut pas le négliger car même si en apparence il ne sert en rien au projet, il a réellement un rôle capital pour :

Suivre l’évolution du projet

On dresse l’inventaire dans chacun des environnements ce qui permet de les comparer.

Détecter les ressources inutilisées ou qui ne devraient plus être là

Non seulement cela évite la confusion mais vous ferez une économie substantielle en ajustant votre existant à votre besoin.

Répertorier les informations techniques afin de construire les plans d’action en cas de mise à jour nécessaire

Quelle perte de temps de devoir passer manuellement sur tous vos services pour savoir lesquels mettre à jour. Vous perdrez à coup sûr bien plus d’argent en demandant à vos équipes de passer régulièrement sur vos ressources pour savoir si telle ou telle option est activée plutôt que de regarder dans votre inventaire. Faites le calcul, les licenses des outils les plus chers ne vous paraîtront peut-être plus aussi coûteux.

S’assurer de la conformité autant sur les standards que sur la sécurité

C’est une nécessité en entreprise où nous sommes audités en permanence. Pour y répondre soit vous bloquez régulièrement des ressources pour valider que tout respecte bien les standards, soit vous le faites de manière automatique et implémentez les nouveaux standards dans les vérifications de votre outil. Là encore, faites le calcul pour savoir combien vous coûtera chaque solution.

Les outils de l’inventaire

Il ne faut d’ailleurs pas oublier qu’il existe une multitude d’outils répondant au besoin d’inventaire, généralement ils sont liés au monitoring. Comme tous les outils il y en a pour tous les goûts: avec license ou open-source, déjà configurés ou ultra personnalisables. Il faut donc faire votre étude de marché et choisir l’outil qui répondra le plus à vos besoins. Ici il ne faut pas perdre à l’esprit que votre choix devra inclure vos critères liés au projet et à vos contraintes, mais n’oubliez pas:

  • Le coût de la formation des équipes à l’utilisation de cet outil
  • Le coût de ce qui n’est pas natif et que vous devrez implémenter vs le coût de la licence
  • Les possibilités d’évolution de l’outil en accord avec votre roadmap: si vous devez faire du cloud et que vous y arriverez d’ici un an ou deux, n’investissez pas du temps et de l’argent dans un outil qui ne peut pas le gérer
  • Le degré d’automatisation de l’outil: les rapports doivent être le plus automatisés possible et avoir le moins d’intervention humaine à la fois du côté de la source de données que de la génération de ces rapports
  • Le coût de la multiplication des outils: apprendre à maîtriser un outil coûte cher, si un outil vous permet de faire l’inventaire, le monitoring, la centralisation des alertes, c’est un choix à considérer. Attention toutefois à bien évaluer que chaque fonction répond à votre besoin et que vous n’avez pas déjà un outil que vous utilisez déjà pour la même chose.

Optimiser plutôt qu’économiser

Pour conclure nous pouvons emprunter ces mots à La Fontaine (L’avare qui a perdu son trésor) :

L’usage seulement fait la possession.

Je demande à ces gens de qui la passion

Est d’entasser toujours, mettre somme sur somme,

Quel avantage ils ont que n’ait pas un autre homme.

En effet, si vous choisissez de ne pas prendre un outil parce que cela vous coûtera trop cher, pensez bien à considérer tous les coûts, et surtout humains, que ce non choix aura sur votre projet.

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