L’importance d’une communauté

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Il était une fois

Il y a plusieurs mois, au cours d’une de nos soirées, je discutais avec un consultant de ce qu’il faisait en mission. Entre deux trolls sur les bonnes pratiques cloud, est arrivé sur le tapis un problème rencontré chez ce client, et qui méritait d’être conté.

Tandis qu’il saisissait la bière que je lui tendais, il conta alors l’extraordinaire histoire de son incident de production de la semaine, où de manière absolument irréelle le disque partagé de ses instances GitLab était devenu terriblement lent. La solution s’avéra évidente quand il nous annonça qu’en réalité ils avaient un EFS en mode “burstable” et qu’ils avaient consommé tout le crédit de burst de son EFS. Ils étaient donc devenus limités à la quantité de burst, qui est très faible sur les disques burstable de petite taille.

Le sujet sortit alors de ma tête assez vite, mais revint sur le tapis de manière inattendue, lorsqu’un matin d’hiver chez mon client, l’usine logicielle Jenkins tomba en panne. Un outil différent, rien à voir me direz-vous, mais attendez la suite.

Je savais qu’un consultant de D2SI était en charge de ce logiciel chez ce client. Contactant alors cet autre consultant via notre outil Slack, il m’informa qu’il était au courant que Jenkins était tombé, mais que pour le moment, il ne savait pas trop pourquoi les opérations disque étaient devenues très lentes, un redémarrage des machines n’ayant rien résolu.

C’est alors, qu’au fond de ma mémoire se mirent en relation les éléments décrits avec le problème raconté en soirée. Lui proposant alors de regarder si -par hasard- il n’aurait pas consommé tout le crédit “burstable” de son EFS, il s’avéra que j’avais touché juste. Laissant passer la surprise de mon collègue sur une telle clairvoyance de ma part, je lui avouais qu’en réalité j’avais déjà entendu parler d’un problème similaire, et donnant le nom de ma source, l’échange entre eux permit de résoudre l’incident beaucoup plus rapidement.

C’est un fait, combien de fois vous êtes-vous retrouvés à traiter des problèmes que quelqu’un d’autre a déjà rencontrés ?

Chez D2SI nous croyons en l’importance d’une communauté et aux échanges qui en résultent. Mais il ne suffit pas d’en faire un voeu pieu comme j’ai pu le voir dans mes précédentes expériences en entreprise. Afin de construire un écosystème de consultants, il y a un certain nombre d’éléments à mettre en place, et surtout, de la même manière que si vous aviez un terrarium rempli de fourmis, il faut laisser faire.

En bref

Chez D2SI, au delà des projets du quotidien, nous sommes une grande communauté. J’insiste sur la notion de communauté et non de “famille”. Si un jour dans une entreprise quelqu’un dit “nous sommes une famille”, sachez-le c’est de la connerie, il veut juste trouver un argument débile de ne pas vous augmenter cette année.

Chez D2SI, nous sommes une communauté où chacun a des compétences et des expériences différentes. Mais il ne suffit pas de prendre des carottes et des navets et les mettre dans un saladier pour en faire une soupe, au mieux vous aurez une salade de carottes et de navets où chacun travaille dans son coin. Alors comment on fait ? Comment ça marche ?

Provoquer les rencontres

Chez D2SI, nous avons tous des expériences différentes. D’abord parce que certains comme moi sont des consultants “historiques” qui faisaient du développement middleware, du stockage, ou de l’infrastructure on-premise, mais aussi parce que nous avons intégré beaucoup de nouvelles personnes, qui sans surprise, ont suivi des parcours très différents, et qui ont eu aussi une autre approche de l’informatique en étant jeunes.

Toutes ces choses sont utiles. Il n’y a pas de technologie périmée.

Mais pour bousculer les vieux et faire redescendre les jeunes il faut qu’ils se rencontrent. Qu’ils se confrontent. Qu’ils échangent. C’est le travail des événements que nous organisons, que cela soit les formations cloud, les meetups, les soirées.

Parce que certains ne viennent pas naturellement vers les autres, il est du devoir de l’entreprise de créer des liens, d’accompagner. Mais tout ceci ne peut se faire qu’à une condition: la bienveillance.

Communiquer positivement

Chez D2SI, vous entendrez rapidement parler de “soft skills”. Ce sont les compétences de “savoir être” de chacun, et c’est essentiel. Combien de “soirées d’entreprise” avez-vous passé à parler uniquement aux personnes que vous connaissiez ? C’est du temps perdu.

Chez D2SI, nous essayons tous d’être le plus accessibles possible, afin de pouvoir être alertés si quelqu’un est dans le besoin, et surtout parce que cela fluidifie le hasard: “hey, mais tu bosses sur le même sujet que la personne à qui je viens de parler, suis-moi je vais te présenter”.

Alors quid de la critique ? La critique est toujours nécessaire, et c’est important de faire un retour objectif sur les choses, mais vous ne pourrez faire passer le message de manière durable sans un minimum de compétences sociales.

Prenons un exemple: développeur, vous n’aimez pas que votre collègue publie toutes ses modifications sans aucune explication. Vous pourriez, en tant que “tech lead dieu du code” lui couper les accès (ou les mains si vous êtes un peu trop passionné), mettre en place des “pratiques à suivre sous peine de mort” avec des limites aussi arbitraires qu’ubuesques comme “Le message doit faire au moins 20 caractères”. Mais tout ce que vous y gagnerez c’est que votre gars se sentira agressé, ne vous aimera pas, et si ses messages font désormais 20 caractères, vous n’aurez pas atteint ce qui aurait dû être votre objectif final: que l’historique des modifications soit plus compréhensible parce qu’il ajoutera des espaces à la fin des lignes pour faire 20 caractères, et vous y répondrez par une escalade des moyens de contrôle qui vous consommera un temps considérable.

Ce que vous auriez dû faire, c’est venir le voir, en lui expliquant que vous êtes embêté parce que vous ne comprenez pas ses modifications, et que vous aimeriez qu’il écrive des messages explicites de celles-ci, et vous terminez par “est-ce que tu peux faire ça pour moi s’il te plait ?”. Peut-être que cela ne fonctionnera pas tout de suite, peut-être qu’il faudra revenir le voir, et peut-être que vous devrez abattre une autre carte: faire en sorte de le faire sentir plus impliqué.

Impliquer les personnes

C’est un fait, vous nettoyez toujours mieux chez vous que lorsque vous quittez votre maison louée pour les vacances. Ne niez pas, ma belle-mère gère des locations de vacances: elle a vos noms et elle sait de quoi vous êtes capables.

Pourquoi ? “quelqu’un d’autre fera”, “je ne reviendrai pas”, “c’était déjà sale”. Vous ne vous sentez pas impliqué dans le processus de nettoyage parce qu’il ne vous touche pas directement.

Chez D2SI, et c’est probablement le plus compliqué, nous dépensons beaucoup d’énergie à essayer d’être inclusifs. La totalité du code des applications internes de D2SI, “My D2SI” ou l’application mobile est disponible sur notre GitLab, dans lequel chacun peut participer. Lorsque nous intervenons en école, nous embarquons le plus souvent possible des équipes de formateurs mixtes expérimentés/non expérimentés afin que chacun puisse vivre cette expérience et peut être un jour avoir envie de devenir formateur. Cette année, les formations HandsOnLab AWS sont données par les élèves des formations de l’an dernier, sous la surveillance bienveillante des professeurs d’hier.

Rien n’est parfait. Parfois, on loupe des trucs. Certains ne se sentent pas bien et ne le disent pas. D’autres râlent et ne trouvent pas l’écoute qu’ils auraient souhaitée. C’est problématique, mais rien ne doit être inéluctable. Le plus grand pouvoir humain c’est sa capacité à se changer lui-même pour pouvoir changer son environnement.

S’améliorer

Je ne prétends pas que tout est parfait chez D2SI. Mais on essaie de ne pas reproduire les erreurs qu’on aurait pu faire. C’est toujours douloureux de se dire qu’on a merdé, mais il faut se rendre à l’évidence: on se trompe chaque jour, chaque minute. J’ai mis le pull en laine de ma femme dans le programme “blanc à 90°” de la machine à laver, et je l’ai détruit. J’ai oublié mes gants de vélo et j’ai eu froid aux mains. J’ai arrosé une de mes plantes avec du vinaigre blanc au lieu de prendre la bouteille d’eau. Je ne le referai plus, parce que je ferai en sorte de correctement étiqueter mes bouteilles, vérifier mes gants avant de partir, et ne pas laver la laine à quatre vingt dix degrés.

Une entreprise c’est pareil, oui on déconne chaque jour, chaque minute à des degrés divers, mais on s’améliore, on prend du recul et surtout on essaie de mettre en place des indicateurs nous permettant de savoir si ce que nous faisons est bien ou pas.

Savoir être et savoir faire

Alors si toi, aussi, peut être que tu envisages de rejoindre D2SI, sache qu’il est très important pour nous que tu partages cette envie de communauté d’expertise.

Nous savons tous faire des choses, et certains ont des thématiques dans lesquelles ils excellent mais si tu es une personne talentueuse campée sur tes grands chevaux de “c’est comme ça qu’il faut faire” il est très probable que tu ne passes pas l’entretien RH.

Car ce n’est pas tout de savoir faire correctement, il faut savoir l’exprimer et le transmettre. Nous avons bien sûr besoin de personnes compétentes, mais avant cela, nous voulons des personnes capables de s’investir dans la difficile émulation que nous tentons de créer. Oui, c’est parfois chiant d’expliquer des trucs à des gens, mais demain ça lui permettra de faire à ta place un travail que tu ne voulais plus faire. Oui, c’est chiant d’écouter, mais demain ça te permettra de faire quelque chose de cool qui aurait été hors de ta portée sinon.

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